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Révolution Queer des Quartiers Populaires !

La vidéo et le texte de notre prise de parole, appelant à une Révolution Queer des Quartiers Populaires, lors de la Marche des fiertés en banlieue le 9 juin 2019.

Nous sommes particulièrement fières que cette prise de parole ait été porté par notre camarade maman lesbienne de l'immigration et des banlieues.

A Femmes en lutte du 93, nous avons fait le choix d'être présentes à cette marche mais de ne pas faire partie de son organisation. Nous pensons qu'il était important d'y être, pour défendre notre ligne et rappeler le travail de terrain que nous faisons depuis plus de 8 ans sur Saint-Denis sur ces questions.

Nous sommes favorables à une organisation autonome vis-à-vis des institutions, et cela d'autant plus quand ces institutions se servent de nos luttes. Nous n'oublions pas les différentes trahisons de l'InterLgbt, que ce soit sur le sacrifice de la légalisation de la PMA en France, les affiches racistes, la présence du Flag (syndicat de policiers LGBT) et des chars faisant la promotion du pinkwashing israélien.

Nous avons fait le choix d'êtres présentes car c'était indispensable d'apporter notre voix à cette première marche des fiertés de banlieue, ici-même à Saint-Denis où nous vivons, nous travaillons et nous militons.

Le texte de la prise de la parole :

Je vais intervenir au nom du collectif Femmes en lutte 93 et aussi en tant que maman lesbienne, de l’immigration et des banlieues.


Cette année, nous fêtons un anniversaire : 50 ans de luttes pour nos droits. Depuis le 28 juin 1969, nous portons le flambeau des émeutes de Stonewall : la révolte des LGBTQI+ de couleur, pauvres, de New York contre les violences policières et les humiliations. C’est grâce à leurs combats que sont nées les marches des fiertés.


Nous marchons pour une révolution queer des quartiers populaires. Pas pour un capitalisme arc en ciel. Nous refusons de mettre le drapeau LGBTQI+ à côté du drapeau bleu blanc rouge ! La France veut redorer son image grâce à nos luttes, pendant qu'au même moment les associations LGBTQI+ de Syrie, de Palestine, de Côte d’Ivoire, du Maroc, du Vietnam, de partout dans le monde … paient le prix des guerres et des pillages coloniaux menés ou soutenus par la France.


A Femmes en lutte 93, on dit que le premier homophobe n’est pas notre voisin de palier des quartiers populaires. Le premier homophobe en France, c’est l’Etat français et ses institutions, ses politiques sociales et économiques désastreuses. On a pu le voir avec le mouvement des Gilets Jaunes. Ils sont sans pitié avec nos revendications. C’est cet Etat qu'on condamne, et notamment son obsession sur la laïcité pour masquer son islamophobie.


Nous en avons marre que les associations soit disantes représentatives des minorités de genre, rendent invisibles nos combats et nos revendications. Nous refusons de faire des marches des fiertés une marche pour les entreprises capitalistes, pour les organisations racistes, les associations de flics comme le FLAG ! ou des chars faisant la promotion du pinkwashing à la israélienne.


La voix des minorités de genre exploitées, sans papiers, des quartiers doit être centrale. Cette voix, notre voix, est pleine de rage face aux violences que nous vivons.
On en a marre de fuir nos pays. On en a marre de fuir nos familles, de vivre dans la précarité, l’angoisse, de taire nos identités de genre et sexuelles.


L’homophobie, la transphobie : ce n’est pas pire en banlieues, chez les musulman.e.s ou les classes populaires. Laissez nous tranquille ! Nous prenons en charge ces questions nous-mêmes, dans nos familles et nos communautés.


Nous exigeons le changement d’état civil des personnes trans sans obligation d’intervention des institutions, l’arrêt des traitements non consentis chez les enfants et adultes intersexes.


Nous luttons pour la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes et pour la reconnaissance de toutes les familles. Nous n’oublions pas les reculs sur l’accès à la PMA gratuite pour toutes, transformant nos désirs de famille à nous les lesbiennes en parcours du combattant pour nos corps et nos têtes.
Aller en Belgique et en Espagne : il n'y a que les riches ou les plus aisé.e.s d’entre nous qui peuvent le faire. Nous voulons ce droit pour tout le monde !


Nous réclamons des places en crèches en urgence pour nos enfants, avec une réelle éducation ouverte sur tous les types de familles. Nous refusons que nos enfants subissent la même honte, la même violence institutionnelle que nous.


Nous affirmons notre solidarité avec toutes les personnes qui subissent l’homophobie, la transphobie et le sexisme partout dans le monde. Et parmi elles, celles auxquelles la France refuse le droit asile. Liberté d’installation et régularisation pour tous et toutes. On veut des logements, pas des tentes à la Chapelle !
Nous dénonçons les politiques de rénovation urbaine, qui visent à rendre nos quartiers populaires de plus en plus inaccessibles. Combien des nôtres sont en attente depuis des années pour obtenir des HLM ? Notre besoin de logements est vital. Quel est le protocole pour les LGBTQI+ quand on doit fuir pour se protéger? On veut des HLM, pas des immeubles avec le logo Bouygues dessus.


Nous dénonçons les brutalités policières qui visent aussi les minorités de genre, jusqu’ ici à St Denis. La police hors de nos fiertés et de nos quartiers !
Nous apportons notre solidarité à toutes les LGBTQI+ qui souffrent, qui se font agresser, frapper humilier. Nous aimerions dédier cette marche aux LGBTQI+ morts cette années, soit assassiné.e.s, soit qui se sont suicidé.e.s, en France et dans le monde. Notre vie, c’est une vie de violences, de pertes, de tristesse. Mais heureusement, ce n’est pas que ça. C’est aussi une vie de solidarités, de résistances.


Je vais finir par un message plus personnel, car nous ne sommes pas que des slogans, des statistiques ou des fantasmes. La fierté est un élément important dans nos vies, mais ce n’est pas le premier mot qui me vient quand je pense à moi, ma femme, ma fille, mes amies homo des quartiers. Notre vie, c’est une vie de résistance et de souffrances. On ne veut pas du bla bla: on veut des actes concret vers un changement révolutionnaire de la société. Car on n’a pas le choix. On ne veut plus être illégitimes. On ne veut plus que nos corps soient illégitimes, que nos désirs soient illégitimes, que nos familles soient illégitimes, que nos enfants soient illégitimes.


Partout où nous allons, nous sommes les marges parmi les marges. De l’Etat jusque dans les collectifs militants : nos revendications sont illégitimes, ne sont pas même nommées. Voire pire : on nous demande de nous taire, car sinon l’Etat français utiliseraient nos revendications de minorités de genres pour stigmatiser encore plus les quartiers populaires.


Les conséquences sur notre corps, notre santé mentale et physique sont trop lourdes à payer. Nous en avons marre de cette loi du silence. Sortir du placard ou y rester est un choix qui incombe aux gens concernés, mais c’est à nous de porter collectivement les revendications des minorités de genre des quartiers dans nos luttes.


Alors, oui, nous sommes fier.e.s d’être qui nous sommes, mais le prix à payer est trop fort et pèse trop lourds sur nos seules épaules. Ce poids, cette vie de placard, de souffrances doit être prise en charge par tous et toutes !


La lutte des minorités de genre à Saint-Denis et dans les banlieues n’a pas commencé le 9 juin 2019. Elle existait et continuera, que ce soit à Femmes en lutte 93 ou avec des militants et militantes LGBTQI+ de terrain, qui font un travail depuis des décennies sur le sujet ! La révolution queer populaire est en marche. On n’acceptera plus d’être sacrifié.e.s ou instrumentalisé.e.s : parce que nos vies et nos luttes comptent.


Les quartiers, on y vit, on y travaille, on y milite, on y construit nos familles !


On y vit, on y reste : on ne partira pas !


Nos quartiers ne sont pas des déserts LGBTQI+ !

Tag(s) : #LGBT+
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