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Témoignage d'Awa et de Grace, lycéennes à Saint-Denis
Témoignage d'Awa et de Grace, lycéennes à Saint-Denis

Coronavirus, Crise sanitaire, Répression

APPEL AUX TÉMOIGNAGES

DES FEMMES DES QUARTIERS POPULAIRES !

 

En cette terrible pandémie, plus que jamais on garde notre ligne : la parole aux femmes exploitées, sans-papiers, des quartiers populaires !

Nous invitons les femmes et les LGBT+ à nous raconter leur quotidien, au travail et/ou en confinement.

Aujourd'hui, on publie le témoignage d’Awa et Grace, lycéennes à Saint-Denis. Elles nous parlent de leur quotidien, de leur scolarité à distance, du confinement qu’elles respectent pour se protéger elles et leurs familles.

Elles nous font part de leur colère face au traitement fait aux banlieues par les médias et la police et de voir qu’il est envisagé de faire des tests en Afrique.

Solidarité avec toute la jeunesse des quartiers populaires, en première ligne face aux violences policières et aux inégalités accrues par la crise sanitaire.

 

 

 

Je m’appelle Awa, je suis sénégalaise, j’ai 17 ans, j’habite dans le quartier du Franc-Moisin, je suis élève dans un lycée de Saint-Denis. 

 Je me suis informée sur l’épidémie par les réseaux sociaux et j’ai appris le confinement avec l'allocution d’Emmanuel Macron. J’ai été informée des gestes pour se protéger par la campagne de sensibilisation du gouvernement un peu partout.  

 Au début, le confinement n'était pas compliqué mais avec la venue du soleil, il est difficile de renoncer à la tentation de sortir. Je continue à étudier depuis la fermeture des écoles à travers whatsapp parce que l’ENT ne fonctionnait pas. 

L’enseignement à distance est une première pour nous et c’est difficile de s’adapter. Je dirais que certains profs en demandent beaucoup en sachant que cette situation est compliquée et d’autres profs qui ont des matières importantes comme mon prof de math qui ne donne pas de nouvelles en sachant qu’à la fin de l'année, nous devions avoirs une épreuve. 

Mon ordinateur s'est cassée quelques jours avant le confinement, du coup il me reste que mon téléphone c’est compliqué mais je fais quand même. Certains professeurs ont été à notre écoute et attentifs à nos questions. 

Le bac en contrôle continu concerne les élèves qui passe le bac 2020 en revanche nous les élèves qui passons le bac 2021, le contrôle continu est une façon de nous rajouter du stress par-dessus celui que l’on avait avec la mise en place des E3C. Nous sommes encore plus dans l’incertitude. Le contrôle continu aura un grand impact sur notre année de terminal. Le lycée me manque car j'aimais beaucoup mes activités scolaires et extra-scolaire. 

Je pense que le confinement protège vraiment du virus mais on est un peu obligé de sortir et donc confronté au virus. Franchement je m'inquiète peu car lorsque l’un d’entre nous sort il/elle se protège gant masque et autre.  

Dès le début le confinement a été respecté par la majorité des habitants du quartier contrairement à ce qu’on peut voir dans les médias. Beaucoup de jeunes du quartier se sont portés volontaires pour nettoyer les portes et objets communs.

Au niveau mental le confinement est très compliqué, même si j’avais l’habitude de rester chez moi. Au niveau social, j’essaye de prendre un maximum de nouvelle de mes proches ainsi que de mes amis, (je passe toute mes journées sur les réseaux). 

Dès le début le confinement a été respecté par la majorité des habitants du quartier contrairement à ce qu’on peut voir dans les médias. Beaucoup de jeunes du quartier se sont portés volontaires pour nettoyer les portes et objets communs. Les violences policières se multiplient, certains jeunes du quartier qui ont été victimes se sont “vengé” en faisant d’eux dans la soirée les cibles d’un feu d’artifice. 

Je pense que ce que la police fait est très grave, lorsque c’est sur les beaux quartiers de Paris ou même de France ce sont des personnes qui n’arrivent pas à résister à la tentation du soleil ou des raisons plus débiles, ils écopent d’une simple mise en garde. Mais lorsqu’un banlieusard sort avec les mêmes justifications celui-ci écope d’une amende, il est indiscipliné et a de fortes chances d'être victime d’une bavure policière. Et je pense que les policiers utilisent cette façon de procéder de leur plein gré. 

 

Je n’ai pas trop de crainte en ce qui concerne ma scolarité mais je stresse quand même surtout que le gouvernement prend énormément de temps pour donner des informations et lorsqu'il en donneelles ne sont pas précises. 

je me suis sentie rassurée lorsque le ministre de la santé sénégalais a annoncé qu'aucun test ne se fera dans son pays, car “l’Afrique n’est pas une poubelle”. J'espère vraiment que les autres dirigeant d'Afrique suivrons le mouvement...

Ma famille est au Sénégal et au Gabon, c’est plutôt eux qui essayent de prendre un maximum de nouvelles quand ils voient le nombre de cas et de décès en France.  

Je ne m'inquiète pas trop au niveau de la prise en charge car le Sénégal et le Gabon n’ont pas beaucoup de cas, j’espère que ça continuera comme ça et qu’ils seront épargnés. Ces pays ont un taux de décès due à la pandémie très faibles par rapport à l’occident. 

De plus je me suis sentie rassurée lorsque le ministre de la santé sénégalais a annoncé qu'aucun test ne se fera dans son pays, car “l’Afrique n’est pas une poubelle”. J'espère vraiment que les autres dirigeant d'Afrique suivrons le mouvement... 

Je pense que lorsque le confinement prendra fin, j’attendrai 1 à 2 semaines avant de sortir afin d’être sûr que le virus est vraiment parti et que la population soit réhabituée à sortir et à se déplacer parce que c’est sûr que les endroits publics (parc, restaurant etc) seront remplis de monde.

- Grace -16 ans– Saint-Denis, La Plaine – lycéenne. 

J’ai appris qu’il y avait une épidémie grâce aux réseaux sociaux et le confinement grâce au discours du président de la république. J’ai été informé des gestes pour se protéger du virus grâce aux propagandes sur les réseaux sociaux et à la télévision. 

Je ne pense pas avoir été trop exposée au virus avant le confinement puisque je ne suis pas quelqu’un de trop tactile et je ne sors presque jamais de chez moi surtout quand il fait froid et que nous sommes en période scolaire. 

En tant que casanière, ça ne me gêne pas le fait de rester chez moi plusieurs semaines, juste que le décalage horaire fait que je dors très très tard et que je me réveille très très tard comme la plupart des gens que je côtoie. Pour ma scolarité, je continue à envoyer mes devoirs, apprendre mes cours mais je n’assiste pas aux cours à distance par manque de temps ou par fatigue ce n’est pas une question d’équipement informatique. J’ai l’impression d’avoir trop de travail par rapport aux cours d’habitude même si j’essaye de comprendre les profs qui ne veulent pas qu’on soit en retard dans le programme. Mes profs m’aident. L’annonce du bac en contrôle continu est une suite logique à la réforme que je subis aujourd’hui puisque je suis élève en première. Ce qui me manque au lycée, ce sont mes amis, le club médias et le CDI. Pour l’instant je n’ai pas spécialement de crainte pour ma scolarité. 

Contrairement à ce que montrent les médias sur les banlieues, ma famille et moi respectons le confinement. Personnellement depuis son début je ne suis pas sortie dehors.

J’ai l’impression qu’il n’y a pas eu de gros changement pour moi et ma famille. Rien n’a changé à part que je me suis plus concentrée sur ma famille et ma vie spirituelle. Pour tenir, parfois je lis la Bible. Mais le plus souvent je regarde des sketchs, des vidéos Gossip/Dramas sur YouTube, je vais sur les réseaux sociaux ou alors je regarde des séries ou des films sur Netflix. Comme je ne sors pas je ne sais pas trop ce qu’il se passe dans le quartier, je n’ai pas été directement en contact avec le monde extérieur. 

 J’ai des nouvelles de mon pays d’origine et ce qui m’inquiète avant tout, c’est qu’ils vont ou ont testé des vaccins en Afrique.

Ça m’énerve de lire ou de voir dans les médias, des personnes adultes qui sont censés avoir fait plusieurs années d’études, avoir un jugement sur les quartiers populaires surtout quand on voit qu’à Paris, les parcs étaient remplis pendant longtemps, mais ils ne sont pas du tout traités de la même manière. 

Ma seule façon de réagir à cette crisec’est de ne pas sortir de chez moi. 

Quand tout ça sera fini, je resterai encore quelques jours chez moi puis j’irai manger dans un fast-food et faire du shopping.

Tag(s) : #Racismes et islamophobie, #Sexisme et violence, #Témoignages Confinement
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