Introduction de Femmes en lutte.
Cet été Israël a lancé une nouvelle offensive criminelle contre Gaza. C'est une nouvelle démonstration de ce qu'est l'état d’Israël depuis sa création en 1948 : un état colonial et raciste. Le peuple palestinien fait face à l’apartheid, au racisme, aux violences et à la guerre et la nature profondément raciste et colonial de l’Etat d’Israël. Vivre aujourd’hui à Gaza c’est vivre dans une prison à ciel ouvert, c’est aujourd’hui reconstruire une vie dans des conditions sanitaires et sociales dramatiques.
La France a toujours été un fidèle soutien à Israël. Hollande a été encore plus loin en réprimant durement les mobilisations de solidarité populaire (interdiction de manifestations, arrestations, procès et violences policières). Mais ça ne nous as pas arrêté, et le peuple de France a de nouveau montré comme en 2009, sa capacité de mobilisation, sa solidarité avec le peuple palestinien. Et le nombre ce soir le prouve de nouveau !
Comment Femmes en lutte prend part à ce combat ?
Nous avons participé à des manifestations, nous avons en 2012 accueilli la libanaise Soha Bechara, nous travaillons avec le collectif SOS Palestine de Saint-Ouen. Alors pourquoi ? Quelles sont nos positions ? Et bien, nous disons, Notre féminisme est anti impérialiste, anti colonialiste et anti sioniste.
- Pour nous, l’anti sionisme est par principe antiraciste. Contre le sionisme, nous demandons les mêmes droits civiques, démocratiques, politiques, sociaux et culturels pour tous et toutes : juifs, musulmans, chrétiens, athées..., vivant en Palestine ou exilés. Nous réaffirmons une fois de plus aujourd’hui fièrement et résolument notre soutien inconditionnel au Peuple Palestinien et aux Femmes Palestiniennes particulièrement. Notre soutien et notre solidarité à votre égard n’a pas de frontière.
- Notre féminisme est antisioniste et nous refusons de nous taire sur ce sujet et condamnons ceux qui associent antisionisme et antisémitisme pour détourner la colère légitime que réveille le massacre palestinien chez les jeunes, notamment avec les déclarations antisémites de Soral ou Dieudonné. Nous refusons aussi de mettre au même niveau colons israéliens et colonisés palestiniens : nous le disons il y a bien un occupant et un occupé, un colonisateur et un colonisé, un dominant et un dominé et notre soutien va au peuple palestinien, contre la barbarie sioniste. Ce n’est donc pas un conflit religieux, ce n’est une question de lutte anti terroriste, c’est une question de justice.
- Nous dénonçons le soutien de la France à la politique de colonisation d’Israël. Lors de la campagne électorale, Hollande et le Parti Socialiste avaient déjà été très clairs. Aux côtés de militants de l’UMP, de nombreux socialistes ont signé la « Charte des amis d’Israël » qui prétend que "cet Etat, comme la France, porte la promesse d’une égalité de droits sociaux et politiques pour tous les citoyens sans distinction". On a vu le résultat cet été de cette promesse d’égalité …
- Alors pourquoi la France soutient Israël ? Ce n’est pas étonnant que La France soit un allié direct de l’Etat d’Israël puisque lui-même est un pays impérialiste avec un passé de colonisateur qui protège ses intérêts par la guerre (comme au Mali par exemple) et par une domination économique, sociale et culturelle. Bon nombre de personnes sont obligées de fuir les pays anciennement colonisés par la France pour sortir de la misère que l’impérialisme français leur a imposé. Arrivés en France ils ne sont plus par exemple que « sans papiers » subissant les lois racistes, la répression, les violences et l’exploitation. Ils remplissent les quartiers populaires et ont à faire face aux pires conditions de travail, de vies, au racisme d’Etat pour survivre après avoir fui un pays pillé et colonisé avant,
D’où la nécessité de créer des ponts entre les peuples. D’accueillir des peuples en lutte en France, de créer des solidarités mais aussi échanger sur nos conditions de vie et de travail, ici en France à nous aussi. C’est le but de cette soirée, créer des ponts entre les peuples.
Voilà pourquoi, nous organisons aujourd’hui, un meeting avec Samah Jabr. Actuellement médecin psychiatre à Ramallah et Bethléem, elle rédige des chroniques qui témoigne des blessures invisibles que la guerre inflige aux Palestiniens. Son expérience de médecin, mais aussi de femme palestinienne éclaire les aspects les plus profonds de la résistance de la société. Par son travail, par l'écriture de ses articles, par sa participation à l'expression culturelle palestinienne, elle informe et crée des ponts entre les peuples pour aider à la reconquête de soi, de son identité par la lutte contre l’occupation.
Nous allons commencer par une intervention rapide de Femmes en lutte sur la place des femmes dans la société palestinienne.
La place des femmes dans la société palestinienne !
Nous allons nous attarder maintenant sur la situation des femmes en Palestine. En tant que féministes de classe, nous pensons que la lutte du peuple palestinien est exemplaire. Les femmes palestiniennes subissent en plus une oppression spécifique, leur combat dans la survie est d'autant plus exemplaire.
Les femmes, vivent une double oppression, l’une découle de manière directe de l’occupant Israélien, La violence de l’occupant est la source principale des oppressions diverses que subisse les palestiniennes. Mais en tant que Femmes, les conséquences sont différentes et elles subissent en plus le patriarcat.« Ainsi se conjugue contre les femmes : le sionisme, l’autorité pal et le patriarcat », comme le souligne Adel Samara, économiste palestinien
En majorité c’est à la mère d’assumer le rôle de chef de famille. C’est à elle que revient la tache ô combien difficile dans un contexte de guerre coloniale de subvenir aux besoins de la famille quand les hommes blessées, assassinés emprisonnés ou exilés ne peuvent plus assumer leur part.
- A la différence des hommes les femmes peuvent peu émigrer pour trouver un emploi à l’extérieur. Dans le golfe arabique cela n’est possible qu’accompagnées par un homme. Assumer les tâches quotidiennes en territoire occupé est un défi permanent.
- 90% de l’eau à Gaza est impropre à la consommation, il y a en moyenne 2h d’électricité par jour, les magasins sont vides à cause de l’embargo notamment et n’ouvrent que quelques heures par jour. On s’imagine alors aisément combien il est difficile de faire la cuisine.
- Les femmes ne parviennent donc pas à répondre aux besoins de toute la famille. La violence des conditions de vie et de vie imposée par les colons est aussi douloureuse pour les hommes et pour les femmes. Et cette violence peut se retourner contre ces dernières.
- Elles sont aussi victimes de la destruction de leur maison par l’armée israélienne, se retrouvant contrainte d’aller vivre dans les maisons de la famille du mari et peuvent perdant ainsi de l’ autonomie.
Nous le voyons donc, pour subvenir à leurs besoins les femmes développent des exemples de solidarités et participent pleinement à la résistance nationale. « Pour les femmes palestiniennes il n’y a pas de contradictions entre le travail pour la liberté nationale et la vie personnelle, elles sont impliquées dans toute la résistance », selon Samah.
Et nous l’avons vu cet été, dans les manifestations, la résistance, les combats en Palestine : les femmes sont présentes et debout. Et nous l’avons vu aussi partout en France, les femmes se sont engagées massivement dans les manifestations en soutien avec la résistance du peuple palestinien.
Conclusion du meeting
Merci Samah pour te venue et ta participation à ce meeting, le message de Marie Do montrera à quel point Femmes en lutte 93 et les copines de la Coordination des Sans-papiers 93ont été inspiré et renforcé par ton travail. Alors, pourquoi ton travail est important pour nous ?
Nous sommes féministes à Femmes en lutte et nous disons une phrase importante « le privé est politique » pour faire entendre toutes les conséquences individuelles d’une situation collective d’oppression et d’exploitation. Notre association vise à ce travail et nous alternons dans nos réunions des temps pour préparer une manifestation ou une formation, un rdv, une action et des moments de groupes de paroles pour cracher notre rage, nos difficultés, nos émotions, ou comme l’a dit une copine de la CSP pendant les ateliers chants, « de sortir ce qu’il reste à l’intérieur ».
De plus, souvent on nous demande pourquoi nous sommes féministes, que le féminisme divise, que c’est une affaire d’occidentales, de blanches, que ce n’est pas la priorité etc etc.
Et bien, nous répondons fièrement qu’être féministe ne divise pas le peuple, bien au contraire il le renforce. En acceptant de parler de la place spécifique des femmes, dans nos combats communs contre notre ennemi commun, et bien ça fait que nous, les femmes, nous prenons une place et surtout nous nous donnons le droit de faire entendre nos oppressions de femmes pour ne pas qu’elles disparaissent dans la lutte commune. D’où l’intérêt de travailler en non-mixité, entre femmes, pour mieux retourner en mixité, pour éduquer les hommes et les combattre même, s’il le faut. Tout ça, pour être ensemble à armes égales dans le combat commun mais aussi pour inciter les hommes à renforcer de combats de femmes comme lors de notre 8 mars l’année dernière !
Nous l'avons vu, les conditions de vie et de survie du peuple palestinien et plus particulièrement des femmes palestiniennes sont des plus dramatiques. Pourtant, comme le met en avant Samah, lorsque les victimes s'organisent et résistent, notamment dans le cadre collectif, elles arrivent mieux à vivre avec leurs traumatismes. Comme si le fait d'être ensemble permettait d'une part de parler, d'évacuer, « de sortir ce qu’il reste à l’intérieur » et s'entraider ; d'autre part d'être dans l'action afin de ne plus seulement subir. Être dans l'action, c'est ne plus être qu'une victime, c'est ne plus être invisible : c'est sortir de l'ombre.
Et aujourd’hui, par le soutien à la Palestine, par nos travails respectifs nous avons voulu faire sortir de l’ombre la vie et la détermination du peuple palestinien, comme nous avons voulu te transmettre la vie et la détermination du peuple de France et des femmes en particuliers !
Ici même en France, les femmes des quartiers, exploitées, avec ou sans papiers cumulent beaucoup de difficultés et essaient de les combattre, souffrent mais résistent.
Ici comme là-bas, leur survie se construit beaucoup à travers la lutte collective, la formation politique pour comprendre « pourquoi je vis ça » et que « je ne suis pas la seule en fait », « que ce n’est pas de ma faute », la transmission de notre histoire de l’exil pour les immigrés ou leurs enfants, de créer des solidarités familiales, de quartiers, dans nos travails.
Ici comme là-bas, nous nous devons nous soutenir et lutter pour sortir de l'ombre ensemble et reprendre du pouvoir sur nos histoires de vies, individuelles et collectives. C’est le sens de notre travail et nous vous invitons à en prendre part : nous vous proposons des rdv : samedi 11/10 manif pour Lucie violée par un fasciste, Mercredi 22/10 et 29/10 soutien à Alain et tous les autres qui ont été arrêté pour avoir manifesté leur soutien à la Palestine, le 25/11 : campagne lors de la journée internationale des violences faites aux femmes, et enfin à nos réunions, aux manifestations des SSPP, renforcer les collectifs existants de soutien à la Palestine, aux sans papiers, de femmes, au travail… Car comme le dit Samah il faut se mobiliser quand il faut se défendre mais le vrai combat est dans la quotidien….
Merci à tous et toutes,