Vive la lutte de la Coordination 93 des sans papiers,
et la mobilisation des femmes sans papiers !
La C93 est, à notre connaissance, le seul collectif à avoir admis l’existence d’un regroupement de femmes qui éprouvent le besoin d’échanger autour de leurs difficultés de vie en tant que femmes (malgré beaucoup d’opposants internes qui développent le fameux argument « organiser les femmes à part, c’est diviser »). Ce regroupement existe de façon discontinue, il avait sorti le fameux tract « Sortir de l’ombre pour vivre libres » puis réalisé une pièce de théâtre. Il tente aujourd’hui de se reconstruire.
Les liens entre les femmes de la coordination 93 des sans papiers et Femmes En Lutte 93 se sont créés en 2012 lors du meeting de « Femmes en lutte dans le monde » à la Bourse du travail de ST Ouen, où des femmes sans papiers ont pris la parole à la tribune pour témoigner de leur difficile condition de vie et de travail et de leurs luttes. Depuis, certaines femmes sont venues à nos réunions - de façon discontinue, le travail du week-end rendant difficile une participation régulière. Si vous voulez voir les vidéos du meeting, dont celle des femmes Sans-papiers, voici la chaîne Youtube.
Le 9 janvier 2013, Femmes En Lutte 93 a soutenu activement l’occupation de l’église de l’Estrée par les sans-papiers de la C93. Le regroupement de 5 femmes de la C93 s’est déroulé pendant cette occupation, afin de se présenter mutuellement ; c’était l’occasion d’un échange autour des difficultés que connaissent les femmes sans papiers dans leur vie quotidienne, à la fois en tant que femmes et en raison de leur situation irrégulière.
Une femme s’est longuement exprimée, libérant les émotions des autres qui ont toutes eu les larmes aux yeux lors de cet échange, c’est dire l’intensité de ce qu’elles vivent !
- " les difficultés rencontrées par les femmes sans-papiers sont dans tous les domaines : par exemple, moi qui suis mariée avec un homme qui est en situation régulière, je subis depuis des années la violence conjugale, mais il m’est presque impossible d’aller au commissariat pour faire une main courante car je crains l’arrestation ; à partir de là, c’est très difficile d’entreprendre une procédure de divorce !
- dans le domaine du travail aussi, tout est plus difficile : « une femme sans papiers n’est pas déclarée et donc n’a presque aucun droit : pas d’heure supplémentaire reconnue, pas de droit aux congés, pas de droits en cas de maladie…et une inégalité de salaire avec les travailleurs déclarés qui sont collègues (exemple, dans la vente en boulangerie). Et si notre salaire est payé en retard, comment se plaindre ?
- Au niveau du quotidien, chaque déplacement est plus difficile et on le « vit dans la peur d’un contrôle et d’une arrestation ! »
Une autre femme qui a des enfants ajoute :
- « A la période des vacances, nos enfants entendent les autres parler de vacances mais pour eux, cela n’existe pas ; même leurs grands parents, ils ne les ont jamais rencontrés, ils ne les connaissent qu’au téléphone ! »
- « une femme sans-papiers qui est hébergée chez son employeur est souvent victime d’abus : du travail à rallonge, garder les enfants des patrons le week-end, être disponible à toute demande de l’employeur ! Certains profitent même de la situation pour nous imposer des humiliations. Et par contre, une femme qui vit avec un conjoint qui la maltraite, subit son pouvoir, parfois aussi celui de la belle famille, cela peut aller jusqu’à être esclave ! »
- « pour la santé aussi, nous avons du mal à nous faire soigner : certains médecins refusent l’aide médicale d’état, alors on n’a pas les moyens de se soigner ! »
Et la circulaire Valls, qu’est ce que vous en pensez ?
- « C’est un recul pour nous les femmes, car quel employeur va nous donner les 12 fiches de paie qui prouvent notre travail, alors que nous travaillons au noir, et que les patrons n’ont aucun intérêt à nous déclarer ? C’est une politique proche de celle du FN, mais Marine Le Pen, elle au moins, elle le dit ouvertement ! »
Une des perspectives de Femmes En Lutte 93 est de poursuivre le ciné-club entre associations. Le projet de ciné-club donne un support commun aux rencontres avec les femmes de la C93 qui ont exprimé un besoin fort de temps entre femmes. Le prochain film envisagé est « d’égal à égales » de Corinne Mélis, sur le travail et le syndicalisme des femmes migrantes.
La date de la projection non mixte est le samedi 23 février 2013 à l’espace solidaire de la cité Allende. L’idée a été émise de faire suivre la première séance non-mixte d’une deuxième séance en mixité pour début avril.
En ces temps d’attaques du gouvernement sur tous les aspects de nos vies et de chasse aux sans-papiers, la solidarité est notre arme !
Tous les jours, des manifestations en soutien avec les grévistes de la faim de Lille, devant le siège du parti socialiste, à 10 rue de Solférino, à 18h