Travail au noir et femme sans papiers

Sortons de l'ombre, pour vivre libres ! 

Une délégation de la coordination des sans-papiers du 93 s'est rendue à Berlin, le weekend du 7 et 8 février, pour une rencontre européenne des collectifs de migrants. 

Lors de cette rencontre, notre copine Hadji, à la fois à la Coordination des Sans-Papiers 93 ( CSP 93) et à femmes en lutte 93 a lu cette intervention ci dessous.

Nous rappelons que des femmes dans un salon de coiffure de Strasbourg-Saint-Denis à paris, sont en grève depuis plus de 8 mois. Un rassemblement a lieu ce soir, jeudi 12 février, à 17h, métro Varenne pour les soutenir.

http://paris.demosphere.eu/rv/37891

" Dans le domaine du travail tout est plus difficile pour les sans-papiers et les femmes. : une femme sans-papiers n’est pas déclarée et donc n’a presque aucun droit : pas d’heure supplémentaire reconnue, pas de droit aux vacances, pas de droits en cas de maladie…et une inégalité de salaire avec les travailleurs déclarés qui sont nos collègues. Et si notre salaire est payé en retard, comment se plaindre ? Au niveau du quotidien, chaque déplacement est plus difficile et on « vit dans la peur d’un contrôle et d’une arrestation ! A la période des vacances, nos enfants entendent les autres parler de vacances mais pour eux, cela n’existe pas ; même leurs grands-parents, ils ne les ont jamais rencontrés, ils ne les connaissent qu’au téléphone ! Une femme sans-papiers qui est hébergée chez son employeur est souvent victime de conditions de travail inhumaines : du travail à rallonge, garder les enfants des patrons le week-end, être disponible à toute demande de l’employeur ! Certains profitent même de la situation pour nous imposer des humiliations. Cela peut aller jusqu’à être esclave ! Pour la santé aussi, nous avons du mal à nous faire soigner : certains médecins refusent l’aide médicale d’état, alors on n’a pas les moyens de se soigner ! Par exemple, moi-même, avant d’être régularisée, j’ai été en conflit avec mes patrons : ils m’imposaient des horaires sans fin, un paiement de misère. Et en plus, à la fin du mois, ils ne me paient pas. Mais moi, je suis une militante, je me suis battue pour obtenir mes droits. Malgré la peur et la violence de ma patronne, qui m’a giflé, je ne me suis pas laissée faire et j’ai pris les clés de la maison et là, elle aussi était à la rue, et elle a réagit. Donc elle a voulu qu’on règle ça à l’amiable : déclarer le travail, bien me payer… J’ai refusé, il n’y a plus d’amiable quand on veut exploiter et profiter des gens ! J’ai porté plainte, malgré la peur de la police, et aujourd’hui, j’ai aussi porté plainte contre eux avec les prud’hommes pour récupérer mes salaires ! Beaucoup de femmes, et d’hommes sans-papiers, même si c’est très dur, se battent contre le travail au noir pour leurs droits. Par exemple, des femmes d’un salon de coiffure à Paris sont en grève depuis 8 mois. Les hommes des chantiers, dans le bâtiment ont fait une énorme grève en 2009 pour leurs droits. Ça montre que c’est dans la bataille qu’on gagne. Et dans les collectifs de sans-papiers !

A la Coodination des Sans Papiers du 93, il y a un groupe femme. Ce groupe femme, est très important. C’est un rendez vous pour toutes les femmes de la Coordination. Ce sont des moments où les femmes peuvent se retrouver pour trouver de la solidarité, de l’espoir, la joie. Le groupe femmes s’articule autour de plusieurs activités durant lesquelles il est possible de discuter à la fois des prochains rendez-vous mais aussi de leurs problèmes. Ce groupe se réunit une fois par mois et organise des ateliers : théâtre, chants, cuisine, coiffure, préparation des manifestations… Ce moment est aussi important pour donner du courage aux femmes. Pour prendre leur place dans la coordination. Cette année, lors des dernières élections de la coordination du 25 janvier, 4 femmes déléguées ont été élues, soit la moitié des délégués. On était très contentes car étant femmes, on est aussi des militantes et des battantes et montrer que nous aussi on est battantes comme des hommes. Pourquoi pas un jour, une présidente femmes dans cette coordination ! On aimerait nous aussi le groupe des femmes de la coordination Sans-papiers 93, que partout où il y a des sans-papiers et des collectifs, que des groupes existent et se créent. Pour donner du courage à toutes les femmes et à toutes les coordinations. Et peut-être un jour notre rêve, c’est d’organiser une réunion comme ici même à Berlin, par les femmes et pour les femmes !

Donc comme on dit notre mot d’ordre, notre phrase préférée à la CPS 93, au groupe femme : Sortons de l’ombre pour vivre libre ! Que toutes les femmes sortent de l’ombre pour vivre libres ! "

Une manifestation pour porter les revendications des travailleurs et travailleuses sans-papiers, notamment contre le travail au noir, est en cours de préparation. Elle aura lieu vendredi 6 mars, nous vous tenons au courant des informations pratiques une fois communiquées par la CSP 93.